La problématique de l’eau potable à Mayotte en 2025
En 2025, l’accès à l’eau potable à Mayotte représente un défi de taille qui ne fait que se renforcer. Cette île française de l’océan Indien, confrontée à une forte croissance démographique et à des infrastructures vieillissantes, peine à satisfaire les besoins vitaux de sa population. Les ressources en eau douce sont limitées et la pression sur ces réserves naturelles n’a jamais été aussi forte. La gestion de cette ressource précieuse devient alors primordiale, nécessitant des solutions innovantes et pérennes pour sécuriser l’avenir des habitants de Mayotte.
Une situation critique pour l’accès à l’eau potable
À Mayotte, la question de l’accès à l’eau potable est devenue cruciale.
L’île tropicale bénéficie pourtant d’un climat propice aux pluies abondantes tout au long de l’année.
Mais la gestion de ses ressources est complexe. La production d’eau – environ 44.000 m³ par jour – ne couvre pas les besoins de la population, estimés à 47.000 m³ par jour, créant un différentiel compris entre 3.000 et 4.000 m³ par jour. La conséquence directe est une coupure permanente dans la distribution d’eau dans certains secteurs et des rotations d’accès à l’eau pour les habitants. À cela s’ajoute une forte croissance démographique, couplée à une urbanisation galopante qui génère une pression accrue sur des infrastructures déjà insuffisantes. Les réseaux de distribution vétustes, mal entretenus et vieillissants entraînent des pertes importantes d’eau dont la disponibilité est déjà réduite avec l’amenuisement des ressources souterraines face aux tensions générées par les multiples usagers.
A cela s’ajoute le changement climatique qui aggrave davantage la situation précaire en rendant les périodes de sécheresse plus fréquentes et plus intenses, diminuant drastiquement la disponibilité en eau durant certaines périodes de l’année.
Bien que bénéficiaire chaque année d’un apport supérieur à 1.500 mm de pluie, Mayotte dépend à 95 % des ressources pluviales dont la gestion est particulièrement tendue en cas de sécheresse récurrente. Les réservoirs qui permettent d’assurer un approvisionnement continu sont ainsi régulièrement au plus bas obligent les autorités locales a imposer des restrictions sévères sur leur consommation. Des épisodes comme celui du cyclone Chido ont également eu un impact désastreux sur les précipitations et donc sur les ressources disponibles.
La pollution des eaux constitue toujours un problème considérable. Le manque de traitement des déchets et l’absence de réseaux d’assainissement adaptées favorisent la pollution des nappes phréatiques. Les activités agricoles, en raison des pesticides et engrais, aggravent cette pollution et mettent en péril la qualité de l’eau potable.
Par ailleurs, la déforestation a un impact sur les ressources en eau et accentue la crise actuelle. Dans ce contexte déjà difficile, le faible accès à l’eau potable coûte très cher aux ménages, avec des problèmes de facturation et d’impayés en sus. Si les nappes et les rivières sont jugées dans un état satisfaisant, les retenues collinaires inquiètent. Face à tous ces enjeux, la gestion intégrée et durable des ressources en eau doit être une priorité. Le préfet a d’ailleurs déjà évoqué de possibles nouvelles restrictions, en indiquant que « la situation de l’eau potable est jugée moins bonne qu’en 2024″.
Les initiatives et solutions en cours pour une gestion durable de l’eau
Pour y faire face, des initiatives commencent à émerger pour une gestion plus durable de la ressource à Mayotte.
Le Plan Eau 2022-2027, qui prévoit 230 millions d’euros d’investissements, témoigne de cette volonté d’améliorer la gestion de l’eau. Les pouvoirs publics et les organismes internationaux soutiennent la mise en place de programmes de sensibilisation pour inciter les Mahorais à adopter une consommation plus responsable. L’éducation à l’environnement est désormais un axe prioritaire pour lutter contre le gaspillage et encourager l’utilisation rationnelle de la ressource en eau.
Le renforcement des infrastructures est également en cours. Des projets de modernisation des réseaux de distribution seront entrepris pour améliorer leur efficacité et réduire les pertes en eau. La construction d’une nouvelle usine de dessalement (10.000 m³/jour), prévue pour 2026, est par ailleurs critiquée, notamment du fait de son impact sur l’environnement. L’augmentation de la production par forage (4.000 m³/jour) est déjà lancée au travers de deux campagnes. La réhabilitation des stations de traitement ainsi que la construction de nouvelles capacités de stockage sont programmées avec un accent particulier sur l’innovation technologique. L’installation de systèmes domestiques permettant la récupération des eaux pluviales est encouragée, apportant une solution alternative précieuse lors des périodes de pénurie.
Les partenariats publics-privés sont indispensables à la mise en œuvre des solutions identifiées. Pour financer ces projets ambitieux, d’importants investissements sont nécessaires et la coopération entre secteur public, entreprises privées et ONG sera déterminante afin de mobiliser les ressources nécessaires. La transition vers des technologies vertes permettant le dessalement d’eau de mer ou encore l’utilisation écologique des systèmes de purification prometteuse constitue un aspect clé du développement durable contribuant à assurer un accès pérenne à l’eau potable. Une étude sur le potentiel du rechargement des nappes et la mise en place d’initiatives en faveur de la reforestation et restauration des mangroves sont engagées afin d’assurer un approvisionnement durable face au développement urbain galopant et aux changements climatiques.
Le retour à la normale de la qualité de l’eau après le cyclone Chido, avec une surveillance sanitaire renforcée, est essentiel. L’importance du stockage d’eau potable et du suivi régulier de sa qualité est rappelée. Des actions sont menées contre le trafic de bouteilles d’eau, et un plaidoyer pour l’adaptation des normes locales est lancé. La mention d’un « plan marshall de l’eau potable », ainsi que le besoin de remplacer les canalisations vétustes souligne l’urgence d’une modernisation des infrastructures.
Pour soutenir ces efforts, plusieurs mesures concrètes sont proposées :
- Réseau de stations de surveillance en temps réel pour garantir la qualité de l’eau.
- Formation des techniciens locaux aux meilleures pratiques en matière de gestion des ressources en eau.
- Lancement de campagnes éducatives sur la conservation de l’eau dans les écoles et les communautés.
- Incitations financières pour les ménages utilisant des systèmes économes en eau.
- Applications mobiles pour informer les citoyens sur la qualité de l’eau et les alertes sanitaires.
Celles-ci visent à assurer non seulement un approvisionnement adéquat en eau mais aussi à renforcer la résilience face aux aléas climatiques tout en instaurant une culture de durabilité auprès des populations locales.
Les conséquences sociales et sanitaires d’un accès limité à l’eau potable
L’accès limité à l’eau potable à Mayotte a des conséquences multiples qui impactent directement la vie des Mahorais.
Sur le plan social, les tensions qui se créent autour de l’eau, accentuent les inégalités. Les plus fragiles, vivant principalement en milieu rural ou dans des quartiers informels, sont les plus touchés par les coupures d’eau. L’inégalité d’accès à cet essentiel provoque un sentiment d’injustice et de frustration et creuse encore un peu plus les fractures sociales sur l’île. Si une distribution d’eau en bouteille est assurée pour ces personnes vulnérables, elle ne permet pas de couvrir les besoins de la population qui ne cesse d’augmenter.
Du point de vue sanitaire, le manque d’eau potable a des conséquences dramatiques. L’épidémie de choléra liée à l’insuffisance de l’accès à l’eau potable en constitue alors un parfait exemple. La difficulté d’accéder à ce service essentiel compromet l’hygiène élémentaire et favorise la transmission de maladies hydriques comme la diarrhée. Les établissements scolaires et les structures de santé sont souvent dans l’incapacité d’assurer des conditions sanitaires suffisantes compromettant ainsi la santé des enfants et des patients accueillis. 30 % de la population n’a accès à l’eau qu’en dehors du domicile avec les conséquences que l’on connaît et le gaspillage dû aux fuites estimé à 40 % de l’eau produite n’arrange pas les choses. Les recommandations de l’ARS concernant la consommation d’eau en cas de coupures sont donc primordiales pour la santé publique.
Le manque d’accès à l’eau potable freine aussi le développement économique, la productivité et la qualité de vie des populations. C’est pourquoi la mobilisation de la communauté est un levier essentiel pour réduire les effets de cette crise. Les initiatives locales, souvent portées par des associations et des collectifs citoyens, sont déterminantes dans la mise en œuvre de solutions adaptées aux besoins spécifiques des communautés. La solidarité et la coopération entre les habitants sont des facteurs clés pour relever ces défis et construire un avenir où l’accès à l’eau potable sera un droit pour tous les Mahorais. Avec 422 analyses d’eau, une hausse de 170 % a été enregistrée pour garantir que le niveau de conformité de l’eau potable soit atteint, sauf dans certains villages.